On a tous entendu les termes “blockchain”, “crypto-monnaie” ou “bitcoin” au moins une fois au cours de ces deux dernières années. Oui, ce nouveau type de monnaie cryptée que vous devez miner avec un ordinateur surpuissant. Mais mieux vaut ne pas se leurrer, la plupart d’entre nous ne comprennent pas vraiment de quoi il s’agit. Le monde numérique évolue si vite qu’il en devient normal de s’y perdre par moment. Aujourd’hui, on entend de plus en plus parler des NFT et de la façon dont ces jetons vont révolutionner des secteurs entiers en changeant la façon dont on partage et consomme à peu près tout. Le sujet est un peu lourd, on ne va se pas mentir. Mais surtout, ne vous inquiétez pas, BAM vient à la rescousse pour vous le faire découvrir. Voici ce que vous devez absolument savoir sur les NFT dans l’industrie musicale !

Qu’est-ce qu’un NFT ?

Un NFT se traduit par “Jeton Non Fongible” en bon français. Évident, pas vrai? Mais bon, juste au cas où, laissez-nous vous en dire un peu plus. Un jeton non fongible est une forme de crypto-monnaie. Imaginez la crypto-monnaie comme une sorte de boîte sophistiquée qui ne peut pas être abimée ou ouverte et dans laquelle vous pouvez stocker des informations en toute sécurité. Cette boîte d’informations peut contenir à peu de choses près tout ce à quoi vous pouvez penser : de l’argent, de l’art, de la musique, des contrats, des essais, ou même l’endroit exact où vous cachez vos photos gênantes des années lycées.

En bref, le sujet des NFT a été au centre du débat de beaucoup ces dernières semaines. Même l’émission humoristique américaine Saturday Night Life a tenté d’en décrypter le fonctionnement en parodiant le tube d’Eminem “Without Me”. A notre tour d’essayer de rendre le concept plus clair.

Un peu de contexte d’abord

Un bien dît “fongible” désigne tout ce qui peut être échangeable avec une autre unité de ce même bien. Par exemple, un billet de 10 dollars par exemple, peut être échangé contre deux billets de 5 dollars. Ou, un dollar américain peut être échangé contre son équivalent dans n’importe quelle autre devise par exemple. Jusqu’ici, logique me direz vous.

À l’inverse, un bien non fongible désigne un objet ayant une valeur distincte et propre. En d’autres mots, il n’y en a pas deux identiques. Imaginez un bien non fongible comme la première édition d’un livre signée par l’auteur, comme l’impression d’une peinture signée par l’artiste ou comme un disque vinyle en édition limitée signé par tous les membres du groupe. Il est possible de créer plusieurs NFT d’une même œuvre, ou décider d’en créer qu’une seule. Dans tous les cas, le propriétaire ne pourra que la transférer. La copier est simplement impossible.

La Joconde au musée du Louvre

Prenons l’exemple de la Joconde. Il s’agit d’un bien non fongible car il n’existe qu’un seul exemplaire original de cette peinture et ce dernier ne peut être reproduit à l’identique. De même, la Joconde ne perdra pas de valeur si quelqu’un décide de la repeindre ou de la photographier, car il ne s’agira pas d’un original. Tous ses aspects uniques la rendent non fongible par nature, et donc impossible à échanger. Même si vous vouliez l’échanger contre une peinture similaire, aucun autre tableau célèbre n’aurait exactement la même valeur.

Maintenant, place à la blockchain.

On sait, c’est pas mal d’informations à encaisser d’un coup. Mais restez avec nous encore un tout petit peu, vous allez comprendre pourquoi. Les technologies Blockchain ont apporté des concepts nouveaux et disruptifs qui n’étaient pas envisageables dans le passé. L’un d’entre eux étant la création et la distribution de jetons (token en anglais). Vous avez sans nul doute entendu parler du Bitcoin. Le Bitcoin est un jeton attaché à une valeur monétaire, ce qui le rend fongible. Par conséquent, en suivant le même processus, on peut aussi créer des jetons pour des biens non fongibles. Cela permet de créer des certificats numériques qui attestent de l’authenticité de ces biens. Considérez ça comme une preuve absolue d’authenticité pour un contenu numérique pouvant être possédé, acheté, vendu ou encore échangé.

L’historique intégral de toutes les transactions et métadonnées stockées dans la blockchain sont entièrement vérifiables par n’importe qui dans le monde, et ce, à n’importe quel moment. Les possibilités sont donc infinies et jusqu’à présent, les NFT ont été utilisées dans le monde de l’art numérique, des objets de collection, des skins de jeux-vidéos, des terres numériques, et bien d’autres encore.

Pourquoi payer pour un fichier digital, donc virtuel ?

Une question qui revient tout le temps est “Pourquoi payer des milliers de dollars pour un fichier auquel tout le monde a accès ?”. Et c’est vrai qu’on comprend un peu la question. Il faut probablement un effort intellectuel progressiste pour comprendre et entrevoir la potentielle valeur des NFT. Mais cela revient simplement au concept de rareté numérique. Publier du contenu sur la blockchain peut rendre ces contenus rares et précieux. Exactement comme les médias l’étaient avant qu’Internet ne permette à tout le monde d’y avoir accès.

Et ce qui est vraiment génial, c’est que non seulement cela rend ces médias rares et précieux, mais aussi universellement accessibles. Tout le monde peut profiter d’un média, mais quelqu’un peut aussi POSSÉDER ce média. Avant la blockchain, il était presque impossible d’attribuer une valeur à un fichier numérique. Le contenu pouvait avoir une certaine valeur subjective pour quelqu’un, mais en soi, il ne valait rien. Eh bien, plus maintenant.

Ça y est, maintenant vous en savez un peu plus sur les NFT. On a essayé de faire aussi court et aussi simple que possible. Si par hasard certains points restent flous, voici un guide pour débutants sur les NFT.

Faites entrer le monde de la musique

Ce n’est un secret pour personne, la pandémie de COVID-19 a frappé de plein fouet le secteur de la musique. Après avoir perdu presque entièrement le secteur le plus rentable de l’industrie, à savoir les concerts, de nombreux artistes et sociétés ont eu du mal à poursuivre leurs activités. L’arrivée de ce nouveau marché de NFT pourrait donc offrir une forme nouvelle de revenus afin de compenser, tant bien que mal, cette perte. De plus, ce marché naissant offre une rare opportunité aux fans de soutenir directement leurs artistes préférés. De nos jours, les artistes dans l’industrie musicale ne reçoivent en moyenne que 12 % de tous les bénéfices provenant des ventes ou des streams de leur musique. Tout le reste va majoritairement aux sociétés intermédiaires comme les plateformes de streaming et les maisons de disques.

Web 2.0 vs Web 3.0

Les NFT dans l'industrie musicale: ce que vous devez savoir

Ce que l’on appelle communément le Web 2.0 dans l’industrie musicale, n’est autre que le passage de la vente physique au streaming. Au départ, beaucoup d’artistes pensaient pouvoir en profiter et générer plus de revenus. Malheureusement, ils ont pour la plupart été victimes du concept. Comme nous l’avons déjà mentionné, la croissance des plateformes de streaming a rendu plus difficile encore la distribution des revenus: qui doit quoi et à qui, les plateformes ayant toutes une manière différente de gérer les données. De plus, certaines de ces plateformes détiennent techniquement les droits de ce que vous mettez en ligne chez elles (tout comme Instagram le fait avec vos photos). Si ces plateformes étaient amenées à disparaître ou supprimées à jamais, vous pourriez dire adieu à vos contenus et followers.

Par exemple, si SoundCloud ou Mixcloud disparaissaient demain, les DJ et les producteurs perdraient tous leurs morceaux et leurs mixes. De la même manière que si une nouvelle plateforme apparaissait demain, il faudrait repartir de zéro. Mettre en ligne, une nouvelle fois, sans avoir la possibilité de transférer ses followers. Et c’est à ce moment que le Web 3.0 rentre en scène.

Un scénario utopiste pour les artistes ?

Les discussions autour d’une alternative dîte “décentralisée”, aussi connue sous le nom de Web 3.0, ne datent pas d’hier. Mais la montée en popularité des enchères autour des NFT a clairement changé la donne. En théorie, chaque fichier est stocké sur un réseau peer-to-peer. Un peu comme un torrent si vous voulez. Cela signifie aussi que l’absence de données et de trafic centralisés laisse beaucoup plus de liberté aux utilisateurs. Ils ne sont pas liés à une seule plateforme et peuvent être maîtres de leur empreinte numérique.

En d’autres termes, cela permettrait aux artistes d’avoir le contrôle sur tous les aspects de leur musique, y compris de fixer un tarif personnalisé par musique pour le streaming de celles-ci. Ils pourraient également créer des contrats intelligents qui répartissent et paient automatiquement les redevances en temps réel ou qui attribuent même au créateur original un taux de redevance pour les “ventes secondaires” lors de chaque vente future d’un NFT. A l’heure où l’on parle, la plupart de ces méthodes sont en cours de développement, mais les NFT pourraient être le tout premier pas vers un vrai Web 3.0.

Des possibilités infinies

Vous l’avez maintenant compris, ces éléments de collection numériques uniques, achetés et vendus sur la blockchain présentent de nouvelles opportunités pour les artistes. Ces derniers peuvent faire preuve de créativité, faire participer les fans et gagner des revenus directs complémentaires. Dans l’industrie musicale, les NFT peuvent prendre diverses formes : vente de billets de concerts (virtuels et physiques), packs d’échantillons, avant-premières de chansons inédites ou tout autre forme d’art. Mais les possibilités sont bien plus variées. Certains artistes, comme Shawn Mendes, Ozuna ou deadmau5, sont déjà sur le coup. Afin d’avoir un peu de perspective sur le sujet, voici quelques exemples d’artistes utilisant déjà les NFT.

Les premiers ont été les artistes électroniques, comme 3LAU, Steve Aoki ou deadmau5. Ils ont tous vendu une collection de NFT pour des sommes dépassant le million… À lui seul, 3LAU a récolté plus de 11,6 millions de dollars en vendant 33 NFT de son album Ultraviolet. Juste, 11 millions…

Mike Shinoda, le cofondateur du groupe Linkin Park, a lui gagné 30 000 dollars en mettant aux enchères un teaser de 37 secondes d’une chanson inédite accompagnée d’une petite animation. Il a triplé ses revenus avec seulement un aperçu de la chanson originale. Chez BAM on était bouche bée..

Dîtes-vous que c’est comme si vous possédiez un objet unique dans un jeu… C’est une chose étrange à posséder, oui, mais la chose la plus folle est celle-ci. Même si je mets en ligne la version complète de la chanson sur les plateformes de streaming du monde entier (chose que je peux encore faire), en comptant les frais de ce plateformes, du label, du marketing… je n’arriverai jamais à approcher les 10 000 dollars.

Mike Shinoda

Mais ils ne sont pas les seuls. Le groupe de rock Kings of Leon a prétendu avoir sorti le tout premier album NFT en mars 2021. On préfère ne pas trop s’avancer car d’autres artistes ont également affirmé avoir lancé le leur avant. Dans tous les cas, il s’agit d’une étape importante pour les artistes. L’album est livré avec une œuvre d’art numérique, le téléchargement complet de l’album numérique et une copie physique d’un vinyle en édition limitée. À ça, ils ont aussi ajouté 6 “tickets d’or” en tant que NFT. Ces NFT, si vous par hasard vous avez la chance de mettre votre main sur l’un d’entre eux, vous permettent d’obtenir “quatre billets au premier rang pour n’importe quel concert de Kings of Leon, partout dans le monde, une fois par tournée”. Ce n’est pas rien.

When you see yourself – Kings Of Leon Album

Vendre de l’art et de la musique: la seule option viable ?

Pour faire simple, non, ce n’est pas LA seule option. D’autres artistes ont opté pour des solutions complètement différentes telle que la vente de la propriété intellectuelle en tant que NFT. Grâce à Bluebox, une suite d’outils basés sur la blockchain lancée par Ditto Music, les artistes peuvent maintenant vendre un pourcentage des droits sur leur musique. Bluebox utilise la blockchain pour enregistrer la propriété complète ou fractionnée de la musique enregistrée et/ou des droits d’auteur et divise les paiements de redevances en conséquence. Les personnes détenant une part d’une chanson seront naturellement plus susceptibles à la promouvoir et à devenir des ambassadeurs de l’artiste. Assez époustouflant vous ne trouvez pas?.

“Ce que nous avons créé est en fait un moyen pour des milliers de fans d’investir dans la musique”

Lee Parsons, PDG de Ditto Music

Il y a aussi des producteurs qui vendent des packs d’extraits musicaux au plus offrant. Illmind, le producteur nommé aux Grammy Awards, a été le premier à en proposer un sous forme de NFT. Tout le monde peut écouter ce “beat pack”, mais la propriété et les droits d’utilisation du pack reviennent uniquement à la personne ayant acheté le NFT. À l’heure actuelle, l’obtention de licences musicales ou le simple transfert de propriété reste une véritable galère. Mais ce type de vente en particulier pourrait avoir un impact majeur sur la façon dont la musique est concédée et vendue dans le monde.

Même le rappeur Ja Rule a mis aux enchères le tristement célèbre Tweet du sandwich au fromage du festival Fyre. Il le considère comme un “Mème”, un véritable phénomène culturel né d’internet quoi. Et il n’est pas le seul à mettre des mèmes aux enchères. Une version “tokenisée” de l’indémodable mème Nyan Cat a été mise aux enchères par son créateur, Chris Torres, et a été vendue pour 580 000 dollars.

Les NFT dans l'industrie musicale: ce que vous devez savoir
Le Nyan Cat

Trop beau pour être vrai ?

Bien sûr, tout n’est pas tout beau tout rose. Oui, les NFT peuvent se révéler être de vrais atouts pour un bon nombre de choses (comme la billetterie) et peuvent même aider les artistes à avoir une autre source de revenus. Mais il y a un gros MAIS dans tout cela. Il existe deux problèmes distincts concernant l’utilisation des NFT dans l’industrie musicale. L’un relève de la manière dont les NFT sont créés, et l’autre leur application au secteur de la musique. On vous explique.

Premièrement, la mise en place de ces nouveaux systèmes numériques est un véritable désastre environnementale. L’empreinte écologique de la création d’un seul NFT dans une blockchain, équivaut à un mois entier de consommation électrique pour un résident de l’Union européenne. Les émissions produites sont équivalentes à un trajet de 1000 km en voiture. Alors imaginez si un artiste décide de vendre son œuvre sous forme d’éditions ou de deal Superrare… ces émissions augmenteraient de façon exponentielle, ayant pour conséquence un impact environnemental de grande ampleur.

Les NFT dans l'industrie musicale: choses à savoir

Deuxièmement, la création et la vente de NFT ont souvent pour motif le statut et la hype, et non le mérite. Il paraît donc logique que les artistes émergents ne sortent pas grands vainqueurs de ce phénomène. Enfin, les marchés eux-mêmes représentent des obstacles pour ces jeunes artistes. Certains marchés sont très sélectifs, pendant que d’autres demandent des montants élevés pour l’ouverture d’un compte en tant qu’acheteur. Par ailleurs, les NFT contribuent à cette rareté numérique dont nous parlions plus haut, et pour être honnête, on est pas sûrs d’être très à l’aise avec le concept. Un concert avec un nombre de places limité est normal. Mais un concert en ligne, un Livestream, avec un nombre limité de places, pour un prix plus élevé ? Sans nous, désolé. Cela ne ferait qu’exclure bon nombre de fans alors que ce n’est pas du tout nécessaire.

Le bon dans tout ça

Certains des NFT proposés aujourd’hui peuvent sembler futiles et complètement artificiels, c’est vrai. Mais la logique lié à l’achat des NFT est somme toute similaire à celle d’autres biens physiques, quant à eux bien réels. Par exemple, de nombreux fans peuvent avoir envie d’acheter une édition limitée d’un vinyle, même s’ils peuvent écouter en boucle ce même album, sur une plateforme de streaming, (presque) gratuitement. La popularité des NFT fait écho à la tendance des marques très fermées à forte notoriété comme Supreme. Les articles rares sont un symbole de statut, presque des trésors. D’autres peuvent voir les NFT comme des investissements, en espérant qu’un jour ils en tireront profit.

Quoi qu’il en soit, les NFT et la blockchain sont des éléments qu’il faut avoir en tête. Que cela vous plaise ou non, ce sont des avancées technologiques, qui peuvent à tout moment changer l’avenir de l’industrie musicale. Vaut mieux y être prêt.

Des services de streaming basés sur la blockchain sont également en train de voir le jour. L’un des plus prometteurs est Audius, qui compte au sein de ses rangs les artistes Deadmau5, Rezz, RAC, le PDG de Beatport Robb McDaniels, le cofondateur de Twitch Justin Kan et l’ancien manager d’Avicii Ash Pournouri. En raison de sa nature entièrement décentralisée, la théorie est que le service finira par devenir autonome, offrant ainsi aux artistes le contrôle total pour fixer leurs propres prix. Qu’il s’agisse de single ou d’expériences “In Real Life” personnalisées. Selon le PDG d’Audius, Roneil Rumburg, plus de 100 000 artistes ont déjà mis en ligne leurs titres et plus de quatre millions de personnes utilisent déjà la plateforme tous les mois.

Notre avis ? Le fait que de plus en plus de personnes prennent conscience de l’existence de la blockchain et du potentiel numérique de cette forme d’authenticité, ayant au centre de l’équation l’artiste, est l’une des choses les plus positives qui ressortent de cette ruée vers l’or de la technologie NFT. Dans tous les cas, on espère que vous avez apprécié découvrir le sujet des NFT avec nous. Si vous voulez vous tenir au courant des meilleures tendances NFT dans l’industrie musicale, vous pouvez vous rendre ici. D’ici là, à la prochaine !

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